On m'écoute enfin, maman.
- Caroline Nicoulaud
- 23 mars 2023
- 2 min de lecture

Aujourd'hui, nous sommes le 22 mars 2023, et j'accomplis un rêve, ma première émission à la radio. Quand j'étais plus jeune, j'écoutais les chroniques de mes chroniqueurs préférés dans la voiture pour aller à l'école. Et, nous y voilà.
Quinze ans plus tard, je prends leur place, le temps d'une émission.
Je suis bouleversée par la vie, je ne mérite pas tout ça. En ce moment, le syndrome de l'imposteur est extrêmement présent et ma maman me dit sans arrêts "mais tu te rends compte ?". Non ma maman, je ne me rends pas compte.
Je ne me rends pas compte que je suis, pour la première fois de ma vie, entendue.
On m'écoute quand je parle maman, alors qu'avant on ne m'écoutait pas.
On m'a retirée la parole quand j'avais douze ans, quand je suis rentrée au collège. Comme beaucoup d'enfants, j'ai vécu quatre années de tristesse.
Quelle revanche, je n'y crois pas. La Caroline de douze ans n'y aurait jamais cru non plus.
J'ai toujours été persuadée que je ne valais pas grand chose, que ma parole était inutile. Quand j'essayais de faire des blagues au collège, on me disait que je devais fermer ma gueule, que je n'étais pas drôle, et que ma parole ne valait pas la peine d'être entendue. Alors, je me taisais, je m'effaçais et je voulais seulement disparaitre.
Aujourd'hui, je prends la parole, tous les jours. J'essaie de vous divertir, de vous faire rire ou de vous ouvrir les yeux sur des sujets tabous comme les problèmes gynécologiques, le célibat, la tristesse assumée ou encore le harcèlement.
Je m'efforce de vous réconforter au quotidien, femmes, collégiens, personnes seules. Je fais en sorte de vous montrer que nous avons tous des problèmes et que la vie n'est pas parfaite. Aucune vie n'est idéale et non, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Arrêtons de croire que sur les réseaux tout est beau, que tout est parfait. C'est faux.
Je ne changerais jamais de discours, je suis une éternelle réaliste.
Ces quelques lignes sont seulement pour vous, mes lecteurs et lectrices inconnu(e)s. Je rêverais de vous connaitre. Parfois je vous croise, et je suis la plus heureuse. Je suis reconnaissante, tellement. Je vous dois tout. Vous m'avez sauvée, vous avez sauvé la Caroline de douze ans, qui pleurait pour ne pas aller au collège.
N'oubliez jamais que vous valez tous quelque chose et que personne n'a le droit de vous dire le contraire.
Je vous aime.
Avec toute ma sincérité,
Caroline (complètement à l'ouest en ce moment)